Puisque rouler en France est de plus en plus contraignant, pourquoi ne pas abandonner la voiture pour prendre la clé des airs en se tournant vers l’ULM ? Pilote et instructeur d’autogires depuis une dizaine d’années sur la base ULM de Courseuilles-sur-Mer (Calvados), Martial Humel est l’un des rares instructeurs de France sur hélicoptère léger. Rencontre.
Une révolution dans le ciel
Une révolution discrète a récemment bousculé le petit monde des gyro-givrés et des roto-dingues : l’arrivée de la classe 6 dans la famille ULM, qui permet aux pilotes d’ultralégers motorisés l’accès au Saint Graal de la voilure tournante : l’hélicoptère.
Jusqu’à l’entrée en vigueur de cette réglementation, les amateurs de voilures tournantes ULM devaient se contenter de la classe 5, celle des autogires (ou gyrocoptères), ces petits appareils dotés d’un rotor pour la sustentation (comme un hélico… ou presque) et d’un moteur à hélice à l’arrière pour la propulsion (comme un avion… ou presque).
Un peu à mi-chemin des deux mondes, ces machines offrent des performances assez étonnantes : comme un hélico, elles bénéficient d’un grand domaine de vol et d’une très bonne maniabilité, mais comme un avion ou un ULM, il leur faut un minimum de piste d’envol, même si elles conservent le bénéfice de pouvoir se poser sur une très petite surface.
Des hélicos plus abordables
Pilote et instructeur autogire à Courseuilles-sur-Mer depuis plus de 10 ans, Martial Humel a été parmi les premiers à franchir le pas et à se former au pilotage des hélicoptères légers, puis à en devenir formateur. «Pour moi, voler en hélicoptère est la concrétisation d’un rêve d’enfant», explique-t-il. «Je n’ai jamais passé la licence PPL-H (pilote d’hélicoptère) parce que le coût de l’heure de vol et d’entretien de ces machines est trop important pour ma bourse, mais sous le régime ULM, je peux faire l’entretien moi-même, et le coût – qui reste élevé – est plus abordable».
Bien que plus léger (avec une masse maximale au décollage de 450 kg), les hélicoptères légers offrent des performances comparables à celles des autres petits hélicoptères biplace. Ainsi, le LCA LH-212 choisi par Martial Humel, essentiellement fabriqué en carbone et titane, doté d’un moteur Rotax 914 turbo de 115 chevaux, peut-il croiser à 85 MPH (soit 136 km/h). «Mais le pilotage d’un hélicoptère est très différent, et plus difficile, que celui d’un autogire», souligne l’instructeur.
Un pilotage différent
Quelles sont les différences entre les deux machines ? En ce qui concerne l’autogire, le rotor se trouve en autorotation. Les pales, qui assurent la portance de l’appareil, sont entraînées par le vent. La machine se pilote assez facilement au manche (pour monter et descendre), à la manette des gaz (pour la puissance du moteur) et un peu aux pieds (sur l’axe de lacet pour éviter le dérapage). En ce qui concerne l’hélicoptère, ce sont également les pales qui assurent la portance, mais elles sont directement entraînées par le rotor, relié au moteur. Du coup, l’hélicoptère peut décoller à vitesse nulle et se maintenir en vol stationnaire, ce que ne peut pas faire l’autogire, qui peut en revanche voler à vitesse quasi nulle (mais qui dans ce cas descend). Bref, du point de vue du pilotage, c’est presque le jour et la nuit… «En vol hélico, il y a beaucoup de chose à gérer en même temps, tout cela demande un certain temps d’apprentissage et il n’y a pas de phase durant lesquelles on peut relâcher son attention». C’est pour cela qu’il faudra entre 30 et 50 heures à un débutant pour décrocher son brevet de pilote hélico ULM, et quasiment autant à un pilote d’ULM 3 axes ou d’autogire confirmé !
Voler en hélicoptère léger reste est assez onéreux : comptez 300 € l’heure sur le LH-212 de Courseuilles-sur-Mer. C’est plus cher que l’autogire (environ 180 € de l’heure pour un ELA assez puissant), mais cela reste bien moins cher que l’hélicoptère « traditionnel », dont le plus économique, le biplace Robinson R22, tourne autour de 420 à 450 € l’heure de vol. L’hélicoptère léger marque d’ailleurs un dernier point au classement : si vous avez les moyens de vous en payer un (vendu autour de 100.000 € tout de même), son régime de vol ULM vous permettra de décoller et d’atterrir directement de chez vous, après une simple déclaration en mairie. Sauf évidemment si vous résidez en zone urbaine…