Atypiques, étonnantes mais toujours innovantes : telles étaient les Panhard, des voitures ingénieuses et de bonne facture, visant la classe moyenne – voire supérieure – des années 50 et 60.
MARQUE ATYPIQUE. Panhard-Levassor, une marque mythique dans l’histoire automobile française, aujourd’hui disparue de la circulation, mais gardée au chaud par Citroën. C’est Panhard, en effet, qui a été le premier constructeur automobile mondial à lancer, en 1890, la fabrication de ses autos en série, dans son usine parisienne de la Porte d’Ivry. C’est Panhard encore, qui a proposé un ingénieux moteur sans soupape et très silencieux, de 1910 à 1937. C’est Panhard toujours, qui le premier a proposé des carrosseries en alliage d’aluminium, ainsi qu’une plate-forme novatrice, pour alléger ses modèles, à la motorisation limitée.
OBJECTIF : SECURITE. Toutes ces innovations, et d’autres encore, liées notamment à la sécurité routière (on en parlait déjà !) ont été proposées sur les différents modèles. Si la carrosserie en aluminium était proposée dès la Dyna X, produite de 1947 à 1954, elle a été remplacée, sur la Dyna Z (jusqu’en 1956) par une carrosserie en dynalinox, un alliage d’aluminium, de cuivre et de magnésium, qui permettait à la voiture d’afficher un poids de 710 kg, inférieur à la concurrence de 30%. Du coup, malgré son petit moteur bicylindre pétaradant, la Dyna Z pouvait atteindre les 130 km/h ! Le dynalinox étant cher à produire, les Dyna Z d’après 1956 ont cependant été produite en acier, ce qui a obligé l’ingénieur motoriste Delagarde à augmenter la puissance du moteur, portée de 42 à 50 ch (848 cm3).
REVOLUTIONAIRE ! Qu’elle ait été en dynalinox ou en acier, cette carrosserie, produite par Chausson, était elle aussi révolutionnaire, merveille d’aérodynamisme dessinée par Louis Bionier et étudiée – c’était encore une première – en soufflerie. Du coup, la Dyna Z affiche un CX de 0,26, bien meilleur que celui de la DS de Citroën, souvent cité en exemple, mais de 0,41. Quant à la création du pare-brise et de la lunette arrière arrondis, éjectables en cas de choc, elle a valu au verrier Saint-Gobin de réaliser une prouesse technique. Dernières innovations de la Dyna Z, allant dans le sens de la sécurité : le réservoir d’essence placé entre les roues arrières, le phare anti-brouillard central avant (qui donne une bouille sympa au modèle) où les instruments rassemblés sur la colonne de direction, permettant au conducteur d’avoir toutes les informations d’un seul coup d’oeil…
CONFORT ET VITESSE. Proposée partir de 1959, la PL 17 est en fait une modernisation de la Dyna Z, dont les formes très rondes étaient passées de mode. L’accent pour ce modèle est alors mis sur le confort : des sièges inclinables individuels sont ainsi proposés en option à partir de 1962, ainsi qu’une montre ou des gouttières de toit… Spacieuse, la voiture est ainsi beaucoup plus raffinée. Mais la voiture ne néglige pas les performance. D’ailleurs, en 1961, c’est une PL 17 qui remporte la victoire du rallye de Monte-Carlo. Dernière berline de la marque, la PL 17 sera proposée jusqu’en 1965.
De l’avis de tous les fans de Panhard, la PL 24, qui lui succédera dans une version coupée 2+2 en 1963, sera le plus beau et le plus abouti des modèles de la marque. Si elle conserve le fameux « flat twin » porté à 50 CV, ce qui lui permet d’attendre les 150 km/h en vitesse de pointe, elle est dotée d’un châssis tubulaire ultra rigide, qui lui confère une tenue de route exemplaire. Avec ses doubles optiques protégés par une vitre (repris par la DS en 1967), ses bourrelets de protection du tableau de bord, son volant creusé et rembourré, ses feux asservis à l’ouverture des portes et ses ceintures de sécurité (en option), elle misait autant sur la sécurité que sur le confort. La PL 24 proposait en effet un miroir de courtoisie éclairé, un thermomètre d’ambiance dans la boîte à gants, un volant réglable en profondeur, un système de chauffage très ingénieux et une roue de secours au sec et protégée.
Cette auto, déclinée en berline 4 portes dotée d’un moteur 4 cyclindres aurait pu se révéler redoutable pour la concurrence, notamment pour Citroën, qui commercialisait sa DS et allait lancer son Ami 6. Passée sous le contrôle de Citroën en 1965, Panhard cessera cependant toute fabrication en 1967. L’usine de la porte d’Ivry sera alors affectée à l’assemblage des 2CV fourgonnette.
Une carrosserie aérodynamique, un moteur 4 cylindres à plat refroidit par air, un système hydropneumatique dont Panhard était spécialiste sur ses véhicules militaires blindés… Certains pensent alors que l’héritage Panhard s’est retrouvé, trois années après l’arrêt de la PL 24, dans la Citroën GS.
• Pour en savoir plus : visitez les sites du club Panhard-Levassor France et du Dynamic club Panhard et Levassor.