La Jaguar F-Type S est présentée comme la remplaçante de la mythique Type E
C’est fait : j’ai essayé la nouvelle Jaguar F-Type.
Après avoir lu et relu les nombreux articles de presse consacrés à ce modèle, annoncé comme étant LE remplaçant de la mythique Jaguar Type E attendu depuis des années – et la XK, elle compte pour du beurre ? –, je m’attendais à trouver la quintessence automobile, et devoir sortir à mon tour la boîte aux superlatifs : F… comme Fabuleuse, Fantastique, Féérique ? Et bien… pas totalement. C’était F… comme Facile à conduire, Fonctionnelle, mais aussi comme F… comme Faible en sensations, pour ne pas dire un peu Fade. Peut-être les essayeurs patentés ne roulent-ils pas en Porsche ? En tout cas, à mes yeux, le rendu de la F-Type est moins “Fast and Furious” que celui de ma Boxster S, 987 de phase 1, et son “petit” Flat 6 de 280 ch.
380 chevaux bien propres sur eux
Le modèle essayé était une F-Type S, dotée d’un moteur V6 3,0 L de 380 ch suralimenté et de quelques options coûteuses. Bref, de quoi mettre l’homo-sportivo-automobilis en appétit… En “vrai”, la F-Type est d’ailleurs plus jolie qu’en photo. Assez fine malgré ses 2,025 mètres de large (pour 4,47 mètres de long), sa ligne est résolument moderne, tout en conservant ce petit air de famille de la gamme Jaguar actuelle. L’arrière est particulièrement réussi, dont l’arrondi n’est pas sans rappeler la proue de la Type E, avec une jupe remontante sur une double sortie d’échappement centrale et de jolis feux à LED aussi effilés que gracieux. La note de design est donc très bonne, et la voiture devrait faire tourner les têtes sur son passage, surtout dans ses livrées les plus flashy : rouge Salsa, orange Firesand ou encore le très beau bleu-gris Rhodium.
L’installation à bord est plutôt aisée, la Jaguar étant assez haute sur pattes. Une fois calé dans le siège “Performance” en cuir (en option), on prend cependant conscience du gabarit de l’auto, assez imposant. Sur l’écran du tableau de bord électronique, la multitude d’indications et menus en impose au conducteur que je suis, qui a un peu de mal à s’y retrouver dans les différentes configurations…
Pas le temps de se poser trop de questions, mon Cicéron choisit le mode dynamique. Le modèle étant doté d’un système de démarrage “sans clé”, pied sur le frein, on appuie sur le bouton “start” et le V6 se met à ronronner, dans une ambiance “cosy”. Il faudra enclencher le mode “échappement sport actif” (en option) pour que le chat timide laisse enfin la place à un feulement plus roque, digne d’un grand félin.
Un hibou en embuscade
Selon la dose d’accélération, le démarrage peut être très doux ou assez vif, géré par une boîte automatique à 8 rapports que l’on peut laisser agir ou commander à l’aide des palettes au volant. Personnellement, je préfère les bonnes vieilles boîtes manuelles, hélas en voie de disparition. Un bon point pour Porsche, qui la maintient de série sur sa nouvelle 981, alors qu’elle ne figure même pas au catalogue des options de Jaguar…
Les premiers tours de roues se font sans encombre, la visibilité est assez bonne, la direction précise, la suspension souple. Un hibou étant signalé en embuscade sur la voie rapide limitée à 110 km/h, il faut y aller mollo. L’occasion de constater que l’affichage digital de la vitesse est bien plus petit sur la Jaguar que sur la Porsche, ce qui est risqué par les temps qui courent, où il est plus important de surveiller son compteur que ce qui se passe sur la route… Mais ce doit être là aussi une question d’habitude. Ah ! Voilà le gendarme qui pointe sur moi son bidule laser. Désolé mon gars, on ne passera pas à la caisse aujourd’hui…
En fait, il faudra sortir de la voie rapide, emprunter des petites routes sinueuses et jouer des palettes au volant pour prendre un peu de plaisir au volant de cette F-Type. Mais là encore, son large gabarit et son confort ouaté prive le pilote de vraies sensations. C’est de l’encanaillement bourgeois : on tombe la veste Barbour pour se retrouver en bras de chemise Burberry… C’est une différence notable avec la Porsche, qui semble plus joueuse, plus réactive, en un mot plus rock’n’roll, même si son amortissement plutôt dur et le rembourrage des sièges façon noyaux de pêches informent un peu trop conducteur et passager des moindres imperfections de la chaussée…
Au final, la F-Type S est une voiture magnifique, une dévoreuse de bitume digne des meilleures Jaguar, rapide, confortable, précise, bénéficiant d’une coque en aluminium et d’une répartition du poids au centre, ce qui lui assure une grande vélocité et un bon équilibre. Sur le papier, ses performances dépassent d’ailleurs largement celles de ma Boxster S, puisqu’elle annonce un couple maximum de 460 Nm (contre 340 pour la Porsche) et un 0 à 100 en 4,9 secondes (contre 5,4 secondes). Mais elle n’offre pas cette sensation de coup de pied du c… que l’on ressent à bord de la Porsche lorsqu’on taquine un peu l’accélérateur. Pas sûr, dès lors, que l’on verra beaucoup de ces F-Type tourner sur les circuits, ni arsouiller sur des petites routes. Mais ce n’est peut-être pas non plus ce que recherche la clientèle Jaguar…
FICHE TECHNIQUE. F-Type, V6 3l essence, 340 ch, à partir de 73.800 €. F-Type S, V6 3l essence, 380 ch, à partir de 85.400 €. F-Type V8 5 l essence, 495 ch, à partir de 100.500€.De série, transmission automatique QuickShift à 8 rapports avec mode hiver et mode dynamique, palettes au volant. Échappement et suspension sport, contrôle dynamique de stabilité déverrouillable, ABS avec répartiteur de freinage, start and stop débrayable, frein de stationnement électronique.Phares xénon, feux arrière à LED, rétroviseurs extérieurs chauffants avec rappel de clignotant, système audio 180w à 6 hp, sièges réglables en 6 directions, ordinateur de bord volant trois branches en cuir. Lève-vitres électrique à impulsion, climatisation avec ouïes escamotables automatiquement.Couple maxi : 450 Nm (F-Type), 460 Nm (F-Type S) entre 3500 et 5000 t/min, 625 Nm entre 2500 et 5500 t/min (V8). Chrono 0 à 100 (F-Type / S / V8) : 5,3 s / 4,9 s / 4,3 s. Reprise 80-120 : 3,3 s / 3,1 s / 2,5 s. Vitesse maxi : 260 km-h / 275 km-h / 300 km-h. Poids : 1597 kg / 1614 kg / 1665 kg. Garde au sol : 108 mm.Malus écologique : 6.000 € + taxe annuelle de 160€.